Aux sources de la « chaîne documentaire »

Les bases de la fonction documentaire

Quel professionnel de l’information-documentation digne de ce nom n’a pas entendu parler de la fameuse chaîne documentaire ? Mais qui se soucie, même dans nos bonnes écoles, de son origine ?

La chaîne de Jacques Chaumier…

Les plus instruits répliqueront que cette chaîne d’opérations "incontournable" a été élaborée par Jacques Chaumier, un des meilleurs promoteurs de notre métier dans les années 1970, un de ces pionniers du temps où le métier prenait vraiment forme. Il n’est pas faux d'affirmer que Jacques Chaumier soit le promoteur de cette chaîne. Mais de son propre aveu, celle-ci s’inspire d'une autre chaîne qu’il est intéressant de connaître.

… qui remonte plus loin.

La notion de chaîne documentaire a en effet été promue par Jacques Chaumier en France dans les années 1970. Mais ce terme trouve sa source dans un document qui a eu son heure de célèbrité aux États-Unis, le rapport Weinberg, intitulé « Science, Government, and Information : The Responsibilities of the Technical Community and the Government in the Transfer of Information » : « Science, gouvernement et information : les responsabilités des communautés techniques et du gouvernement dans le transfert de l’information ». Ce rapport fut publié par la Maison Blanche, le 10 janvier 1963. Il introduit l’idée et utilise l’expression de « chaîne de transfert de l'information » (information transfer chain, p.12 et suivantes du rapport). Cette chaîne rend compte des diverses étapes de transfert mais aussi de traitement de l’information.

Une chaîne à enjeu hautement stratégique

Le contexte de ce rapport est emblématique de l’enjeu stratégique essentiel de cette chaîne du traitement de l’information. « Ce rapport, voulu et publié par J.F. Kennedy, partait du constat que les États-Unis avaient perdu la première bataille de l'espace, et qu'il fallait toute une série de dispositifs, en particulier relatifs à l'IST, pour combler le retard » (Gérard Losfeld, Conclusions générales des Assises nationales pour l'éducation à l'information, Paris, 11-12 mars 2003). Comme son long titre le suggère, c’est en effet tout ce qui a trait au transfert de l’information, spécialement technologique, qui est au cœur du rapport. C’est sans doute une des premières prises de conscience, au niveau politique le plus haut, de l’intérêt du traitement de l’information.

Petit rappel

La chaîne documentaire rend compte des diverses étapes du transfert mais aussi du traitement de l’information.
Souvent diversement agencée et commentée, Jacques Chaumier lui assigne dans ses ouvrages quatre opérations de base des systèmes de traitement intellectuel de l’information :

Collecte → Traitement → Diffusion → Stockage

autour desquelles peuvent se greffer de nombreuses autres opérations de détail.

En savoir plus

Consulter ou se procurer le rapport Weinberg en anglais (pdf, 17.5 Mo) :
http://garfield.library.upenn.edu/papers/weinbergreport1963.pdf

Voir la conférence de Gérard Losfeld :
http://urfist.enc.sorbonne.fr/anciensite/Assises/Ass-Losfeld.htm

Didier FROCHOT