"L’e-réputation est devenue un excellent vecteur d’estime et de renommée pour un élu"

Le site de l'agence de communication alsacienne Red-Act ("L'esprit et la lettre"), a publié - le 6 mai dernier - un entretien avec Didier Frochot et Fabrice Molinaro, cogérants de la société Les Infostratèges, à l'occasion de la sortie de leur ouvrage dédié à l'e-réputation (encore nommée cyber-réputation, web-réputation ou réputation numérique) de l'élu local.

« Suivre, soigner, défendre l'image de l'élu local sur le Net », le livre clé des Infostratèges

« Suivre, soigner, défendre l'image de l'élu local sur le Net » … Le nom de l’ouvrage publié par Didier Frochot et Fabrice Molinaro, cogérants des Infostratèges attirent forcément les amateurs de communication politique et d’e-réputation. Avant la lecture même de l’ouvrage, Red-Act a tenu à poser ses questions aux « Infostratèges »

Red-Act : Vous venez de publier « Suivre, soigner, défendre l'image de l'élu local sur le Net » …On comprend à qui s’adresse ce livre dans son titre. Les élus doivent-ils selon vous ne pas oublier les « e-lecteurs » ?

Didier Frochot et Fabrice Molinaro : « Nous dirions même que cela nous paraît essentiel. Avec le Web 2.0, l'internaute, désormais acteur du réseau, devient un média potentiel à part entière, soutien ou danger en puissance, relais ou faiseur de réputation. Les formidables techniques de maillage de l'information (flux RSS, blogs, réseaux sociaux…) deviennent des caisses de résonance directement planétaires, d'une puissance et d'une réactivité jamais égalée. N’importe quelle contribution peut être rapidement propagée et y demeurer indéfiniment, le Web devenant la place du village mondial sur laquelle tout le monde parle de tout le monde.
Aujourd’hui, l’e-réputation est devenue, sans conteste, un excellent vecteur d’estime et de renommée pour un candidat, un élu ou une collectivité locale. On a dit, à l’issue de la campagne ayant porté Barak Obama au pouvoir qu’il était le premier président Web 2.0 de l’histoire : c’était dire en raccourci qu’une bonne part de son succès s’est construite à partir d’une mobilisation de ses partisans sur le Web, via un réseau de blogs.

Ceci étant précisé, il nous semble donc important de soigner son image sur le réseau en s’adressant directement aux « e-lecteurs ». En étant plus accessible au grand public qui s’informe beaucoup sur le Net, ce type de communication permet de mieux faire connaître son action, son bilan et de recruter des partisans qui peuvent se transformer en ambassadeurs de l’élu sur le réseau.

Red-Act : On a beaucoup parlé de « démocratie 2.0 », de communication politique sur internet. Votre livre pose les fondamentaux en matière d’e-réputation. Que conseilleriez-vous à un élu afin de bien démarrer sur la toile.

Didier Frochot et Fabrice Molinaro  : Commencer par faire un bilan/audit cartographique de son image sur le Net. Le principal objectif reste de reconstituer le puzzle de son identité numérique, en positif et en négatif. Pour cela, il est indispensable de recourir à une panoplie d’outils qui scrutent chacun des sources et supports particuliers (moteurs de recherche, agrégateurs d’actualité, méta-outils sociaux, plateformes de microblogging telles que Twitter, etc.).  C’est à partir de cette étape fondamentale, que l’élu pourra mettre en place une stratégie adaptée et tenter de faire les bons choix : type de communication, supports de prédilection (un blog ? un espace Facebook ? un compte Twitter ? etc.), public-cible, etc.

Red-Act : La défense de son e-réputation est-elle à la portée de tous les élus d’un point de vue technique, financier et stratégique ?

Didier Frochot et Fabrice Molinaro  : Certainement. Encore faut-il pouvoir s’entourer d’une équipe de communication rompue aux nouvelles technologies et capable de bâtir une véritable « stratégie d’implantation numérique » sur le Net. Mais, pour commencer, il ne faut pas hésiter à faire appel à un prestataire externe, un spécialiste en e-réputation, qui sera capable de faire un audit d’image et de formuler des préconisations à l’équipe de communication.

Bien gérer son e-réputation nécessite, tout d’abord, la mise en place d’un véritable suivi d’image. Il s’agit notamment de surveiller, à partir d’une sélection de mots-clés, la notoriété de la collectivité ou de l’élu local. Il est ainsi possible d’en savoir plus sur son positionnement dans les résultats des moteurs de recherche et sur la place que ceux-ci occupent par rapport à ses éventuels rivaux. Il s’agit également de mieux percevoir la notoriété de l’élu et/ou de la collectivité locale au sein de la blogosphère et des réseaux sociaux.

Puis, dans un second temps, bien gérer son e-réputation, c’est aussi savoir maîtriser sa stratégie de communication en direction de relais d’information considérés comme pertinents dans un domaine donné (médias classiques, blogs, forums, listes de discussions, etc.). Il faut occuper le terrain numérique et adapter son discours en fonction des supports et des publics visés. Cela nécessite une bonne connaissance du réseau et de ses codes de fonctionnement.

Enfin, en cas de crise médiatique (campagne de diffamation, dénigrement, rumeur, etc.), il est conseillé de faire appel à un prestataire en e-réputation qui – en associant compétences technique et juridique – sera capable de réagir vite pour tenter de neutraliser l’information négative avant de mettre en place une stratégie de redressement d’image. Si l’apparition de contenu négatif dans les premiers résultats d’un moteur comme Google peut s’avérer désastreuse pour l’image d’un élu et/ou d’une collectivité locale, rien n’est jamais définitif – contrairement à certaines idées reçues – et il est toujours possible de réagir. Encore faut-il maîtriser parfaitement les subtilités du droit de l’information et de l’Internet. Par rapport à l’intervention d’un avocat qui tentera d’agir en justice, avec les frais et les délais que cela suppose, l’intervention amiable permet d’agir très vite, avec efficacité et souvent à peu de frais.

Red-Act : Quels sont en fin de compte les enjeux forts pour une collectivité locale ou un élu en matière d’e-réputation.

Didier Frochot et Fabrice Molinaro  Concernant une collectivité locale, la spécificité est double : que risque une collectivité à voir sa réputation ternie ? Que risque l’élu d’une collectivité à voir sa réputation atteinte ? Si une collectivité ne peut voir son chiffre d’affaires ou sa cotation boursière baisser – risque majeur de l’e-réputation pour une entreprise – celle-ci peut cependant souffrir d’une mauvaise image en cessant d’attirer sur son territoire des entreprises qui lui rapporteraient en termes de fiscalité locale, voire en cessant d’attirer de nouveaux habitants qui préfèrent aller vivre un peu plus loin, dans des communes limitrophes.

Le risque couru par l’élu est beaucoup plus évident puisqu’il est porté et maintenu à son poste par le suffrage démocratique. Il est ainsi évident qu’une mauvaise rumeur, une mauvaise campagne contre un élu ou contre une équipe municipale – le tout se diffusant largement via le Web – peut largement compromettre sa réélection.

La réputation numérique d’un élu et/ou d’une collectivité locale peut donc avoir des implications politiques, médiatiques et économiques. Il convient donc de mettre en place un dispositif efficace pour détecter au plus vite les risques potentiels et tout aussi efficace pour réagir en conséquence.

Source : http://redact.hautetfort.com/archive/2010/05/06/suivre-soigner-defendre-l-image-de-l-elu-local-sur-le-net-l.html
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