La théorie de la communication

La théorie elle-même

La notion de communication existe, même sans être revêtue de son actuel intitulé, depuis que le monde est monde et depuis que les hommes vivent en groupe. Le fait même que l'humanité soit divisée en un certain nombre de cellules qu'on appelle hommes suppose qu'il y ait entre ces cellules des relations. Parmi ces relations figurent tous les transferts d'informations, plus ou moins élaborés, qui relèvent inévitablement d'un acte de communication, fût-il le plus fruste (acte de violence par exemple).
La communication a été théorisée dans les années 45-50, en même temps que la théorie de l'information (et celle de l'hypertexte, avant d'en prendre ce nom). Elle a pris corps lorsqu'il s'est agi de formaliser et de modéliser la relation homme-machine établie entre les ordinateurs naissants et leurs utilisateurs. C'est alors qu'il a fallu théoriser et conceptualiser la communication afin de l'inculquer, pour ainsi dire, aux ordinateurs.

Rappel des fondements de la théorie

La communication suppose plusieurs éléments :
L'émetteur, élément qui comme son nom l'indique émet un message.
Le récepteur, élément qui recevra le message
Le message, élément porteur d'information quelle qu'elle soit. Ce message est transmis de l'émetteur vers le récepteur.
Le code ou langage en lequel le message est formulé
Le canal ou la voie par laquelle va circuler le message de l'émetteur vers le récepteur.
En pratique, dans une conversation par exemple, chaque interlocuteur est tour à tour émetteur et récepteur, le sens de la communication s'inversant alternativement.

Le principe de base de la communication

La règle fondamentale de la communication, que personne ne devrait jamais perdre de vue est la suivante : pour qu'une communication fonctionne, le langage utilisé doit être impérativement celui du récepteur. On dit souvent que le langage doit être le langage commun ou partagé entre l'émetteur et le récepteur. Si techniquement ce n'est pas faux, nous préférons affirmer que le seul point nécessaire et suffisant est que le langage doit être celui du récepteur. Ainsi, si on se trouve face à un chinois ne parlant que sa langue, la seule manière de communiquer avec lui oralement (il reste le langage presque universel des gestes, fort limité cependant) est de réussir à s'exprimer dans sa langue. Cette évidence prend un aspect implacable lorsque le récepteur n'est plus un être humain mais un ordinateur. Ainsi, toute l'informatique du contenu aujourd'hui mise en œuvre, est basée sur le fait que les ordinateurs traitent et ne comprennent que des chaînes de caractères, c'est-à-dire des mots, alors que l'esprit humain fonctionne avec des concepts. Si on n'a pas intégré cette très réelle évidence, on se prépare bien des déconvenues en informatique documentaire, et plus encore avec les moteurs de recherche sur Internet (cf. nos textes sur l'informatique du contenu, et ceux sur Internet, et dans cette même rubrique, pour les illustrations de la communication en bibliothèque, documentation et musées). Il faut toujours avoir présent à l'esprit que l'essentiel n'est pas ce qu'on dit mais ce qui est reçu. En d'autres termes, il faut continuellement se mettre à la place du récepteur, pour bien communiquer. Ce que ne font pas, par exemple, les auteurs qui jargonnent à plaisir pour faire savant et se coupent ainsi d'une bonne part de leurs lecteurs. Sur un plan moins simpliste, au-delà d'une langue, il y a aussi précisément les jargons et parlers locaux ou particuliers qui constituent autant de sous-codes ou langages particuliers. Ainsi en est-il du verlan et autres parlers spécifiques de certaines catégories de populations. Les spécialistes de la publicité (nommée purement et simplement communication dans le jargon du marketing) savent très bien quel registre de langage ils doivent utiliser pour toucher telle catégorie.

Information et communication

Quelques mots qui seront autant de pistes de réflexion. L'information et la communication forment un couple quasiment indissociable. En effet, une information ne vaut que par sa communication. Une information qui ne circule pas, que quelqu'un garde pour lui n'est pas une information pour les autres. Nous rejoignons là, la définition subjective de l'information, mais sous un autre angle cette fois : pour qu'une donnée prenne la valeur d'information dans la conscience d'un être humain, il faut qu'elle lui soit communiquée par un canal ou un autre (le regard sur un objet peut suffire).

|cc| Didier Frochot — septembre 2000

Didier FROCHOT