Web 2.0 — un concept émergent : gestionnaire de plateforme

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On commence à connaître les outils nouveaux du désormais classique Web 2.0. Il y a les wikis, les blogs, les tags et leurs nuages. Voici qu'apparaît un concept fédérateur : les sites plateformes (parfois nommés plus précisément plateformes de partage) et leurs gestionnaires.
Sous ce terme émergent sont regroupés tous ces sites qui ne seraient qu'une coquille vide sans l'apport des internautes, et que nous avions qualifé pour notre part de "sites conteneurs", ce qu'ils sont, assez précisément. Il semble que le terme de plateforme soit préféré par les professionnels. Ces sites sont donc des plateformes sur lesquelles les internautes viennent déposer leurs contribution.
Ainsi en est-il de Flickr.com sur lequel chaque internaute peut déposer ses propres photos, libres de droits ou non. Grâce au Web 2.0, on peut donc contempler le chien de M. Dupont, ou encore M. Dupont lui-même posant fièrement devant la Tour Eiffel, le tout représentant une avancée informationnelle décisive pour le progrès de l'humanité...
Même chose pour les frères ennemis, égalitairement traînés en justice pour négligence ou laisser-faire, nous visons Dailymotion et Youtube (cités par ordre alphabétique, sans préférence...)
Mais sous ce nouveau terme, on retrouve aussi eBay et les plateformes de blogs (Haut et Fort, Blogger, Over blog, etc.)
Bref, chaque fois qu'un acteur du web se contente de mettre un site avec des outils en ligne à disposition des internautes, sans contrôle ni collaboration avec ceux-ci, il y a "plateforme". Pourquoi ce terme générique ? Parce qu'il regroupe des problématiques communes, notamment juridiques.

Ce sont précisément les juristes, toujours à la recherche de concepts précis et fédérateurs, qui, semble-t-il, lancent le terme de plateforme et de gestionnaires de platformes. La dernière livraison de la revue Lamy Droit de l'immatériel (décembre 2007) propose rien moins que 2 articles et une brève portant ce terme, absolument nouveau dans les colonnes de cette éminente revue. Sur Juriscom (excellent site sur le droit des technologies de l'information) le terme est usité en association au Web 2.0 : gestionnaires de plateformes Web 2.0.
Ce terme permet de mieux identifier un nouvel acteur, et de se pencher sur les problématiques nouvelles induites, qui ne sont ni celles des hébegeurs de sites (puisqu'une plateforme produit un site, certes vide) ni celles des éditeurs de sites (puisqu'elle ne maîtrise pas les contenus déposés par les internautes).
Ainsi s'impose une nouvelle réalité intermédiaire, à mi-chemin entre hébegeur et éditeur, nommée gestionnaire de plateforme, dont on cherche à mieux dessiner les contours juridiques, notamment en termes de responsabilité.
Peut-être verra-t-on se forger dans l'avenir un statut juridique propre à ces gestionnaires de plateforme, qui pour le coup sont une presque totale innovation du web, plus précisément du Web 2.0. En effet, les moyens de communication d'avant l'Internet (édition, presse, radio, télévision) fonctionnaient tous sur un système de contrôle hiérarchique. Ici, on est dans un cas qui ne se rapproche que du panneau de libre expression, rencontré parfois dans certaines collectivités (entreprises, écoles, lycées, universités) et sur lequel chacun peut grifonner ou afficher ce q'uil veut sans contrôle de l'autorité gérant l'organisme.

Un concept et une nouvelle réalité du droit de l'Internet à suivre, donc.

Didier FROCHOT