Infobésité et désinformation : Universcience lance le premier Baromètre de l’esprit critique

Dans une époque marquée par l’infobésité et la désinformation (infox, théories du complot, fausses informations scientifiques et médicales ou simplement effet déformant des communications en ligne), comment les Français se situent-ils par rapport à l’esprit critique, c’est-à-dire la capacité à trier et qualifier l’information disponible, à élaborer leur propre jugement, à mettre en question leurs convictions et au bout du compte, à penser librement ?
C’est la question à laquelle tente de répondre le premier Baromètre de l’esprit critique, lancé par Universcience en partenariat avec France Info et La Croix.

Une première enquête par panel a été réalisée par le cabinet Gece entre le 17 et le 28 février 2022 auprès de 3 218 Français selon la méthode des quotas (quotas portant le genre, l'âge, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau de diplôme et la région des répondants) en les interrogeant sous trois prismes :

- leur rapport à la science, le raisonnement scientifique et les méthodes propres à la science étant consubstantiels de l’esprit critique ;
- leurs sources d’information, notamment sur les sujets scientifiques, pour comprendre comment ils construisent leur compréhension de l’actualité ;
- leur rapport au débat d’idées et à l’altérité dans le raisonnement.

Globalement, les éclairages de cette première enquête font apparaitre :

  • Un profil dit scientifique, plutôt masculin, jeune et diplômé
  • Une réelle appétence des Français à 89% pour les sciences, la culture scientifique partie intégrante de la culture générale
  • Avec des modalités d’information qui plébiscitent la télévision et internet pour les + de 50 ans, les plus jeunes privilégiant des réseaux, une primauté accordée à l’audiovisuel
  • Un retour en force de la légitimité et crédibilité des médecins, des scientifiques, des chercheurs et des journalistes scientifiques face à la pandémie
  • Un esprit critique développé pour une majorité de Français, ouvert à l’échange d’idées, au débat, à la contradiction, le souci d’avoir une multiplicité de sources d’informations chez les plus diplômés

Un intérêt marqué pour la science, mais avec des disparités socioéconomiques

Si seulement 22% des sondés citent "les sciences" parmi leurs centres d’intérêt principaux, et si leur souvenir scolaire en est contrasté (62% gardent un bon souvenir de leurs cours de Sciences et Vie de la Terre, 50% d’entre eux, des cours de maths, mais seulement 40% des cours de physique - chimie), l’étude montre le dynamisme de la culture scientifique dans notre pays : 81% des sondés regardent des documentaires scientifiques, 67% consultent des sites traitant de sujets scientifiques sur Internet et 64% des vidéos sur YouTube – primat, donc, de l’image.

Que pensent-ils de la science ?

Une très large majorité la voient comme permettant de développer des nouvelles technologies utiles à tous (88%), de mieux comprendre notre monde (87%), d’améliorer nos conditions de vie (85%).
En revanche, pour 53% d’entre eux, les théories scientifiques ne sont que des hypothèses parmi d’autres, et seuls 51% des sondés répondent positivement à la question de savoir si la science est la seule source d’information fiable sur le monde. Enfin, si 43% pensent que la communauté scientifique est indépendante pour valider ses découvertes, 40% pensent le contraire.

Comment les sondés suivent-ils l’actualité ?

Deux piliers se détachent, la télévision pour 68% d’entre eux (c’est même le premier moyen pour 29% des sondés), et Internet (hors réseaux sociaux : moteurs de recherche, sites médias) pour 73%. Viennent ensuite les proches (50%), la radio (46%), la presse papier et les réseaux sociaux (40%).
Pour l’information sur les sujets scientifiques, priorité est accordée aux médias traditionnels :  les émissions à la télévision et à la radio (44%) et les journaux sur ces mêmes supports (43%) arrivent en tête, loin devant les sites internet scientifiques (27%) ou la presse spécialisée (25%).

Dans le contexte plus spécifique de la crise sanitaire, interrogés sur les émetteurs qui ont leur confiance, ce sont les médecins qui arrivent en tête, 51% des sondés faisant confiance à la majorité d’entre eux, mais 38% “seulement à certains”. Scientifiques et chercheurs sont suivis dans des proportions similaires (44% des sondés font confiance à la majorité d’entre eux, 40% à certains).

Plus d'infos : https://www.universcience.fr/fr/professionnels/presse-et-medias/barometre-de-lesprit-critique/

Fabrice MOLINARO