La fin du Service d'accès Télétel (suite)

Le lancement de Télétel

En 1980, la Direction générale des télécommunications (DGT) française s'affaire pour le lancement du programme Télétel avec un petit terminal dont le nom sera trouvé grâce à un programme informatique de logotique (logiciel capable de proposer tous les noms possibles à partir de radicaux, suffixes, préfixes donnés). Parmi les élucubrations du programme, jaillit le mot Minitel. L'objet phare de la télématique française est né... Mais il manque une impulsion claire et décisive, la DGT de l'époque hésitant encore entre maîtriser seulement les tuyaux, ou également les contenus. Nous avons personnellement assisté à une de ces présentations en avril 1981, où le discours des responsables de la DGT était tout sauf clair. Puis vint mai 1981 et l'aternance politique. L'impulsion qui manquait fut alors donnée, avec pour la DGT la mission enfin clarifiée de fournir les tuyaux, les contenus restant à l'initiative des acteurs économiques de tous ordres.

C'est alors que le Service d'accès Télétel se lance réellement.

Modèle de Minitel

Un des premiers modèles de Minitel distribué aux Francais pour accéder, notamment, à l'annuaire électronique et au Service d'accès Télétel (Photo et objet du Musée des Techniques du CNAM)

Les paliers tarifaires

Le modèle éconmique de Télétel est le paiement à la durée de connexion, au travers de l'abonnement téléphonique, modèle qui n'avait rien de choquant puisque les tarifs de consultation des grands bases de données étaient eux aussi à la durée, jusqu'à 800 Francs de l'heure... Le Service d'accès Télétel permet une pluralité de tarifs avec divers points d'accès téléphoniques appelés paliers : 3615, 3616, 3617, sans parler de l'accès gratuit au 3611 sensé remplacer l'annuaire papier du téléphone et stimuler le lancement du Minitel, matériel prêté gratuitement à chaque abonné du téléphone qui renonce à l'annuaire papier. Parvenus à ce palier, l'usager trouvait une page d'accueil l'invitant à taper le code d'accès du service : SNCF, RATP, ou encore Ulla pour reprendre un célèbre exemple du minitel rose. D'où les publicités pour le 3615 SNCF, le 3616 JOEL (Journal officiel en ligne), etc.
Suivront plus tard d'autres accès, accès directs à certains "services" les 3625 suivis de 4 autres chiffres, et pareillement les 3626 xx xx, 3627 xx xx. Les haut-paliers (à tarification haute) apparaissent alors, pour permettre un accès libre et sans abonnement spécifique aux grands serveurs qui souhaitent y être présents : 3628 xx xx, 3629 xx xx.

Les cartes modems et les ordinateurs connectés.

Parallèlement, les ordinateurs individuels (Personal Computer ou PC) se développent largement et des nouveaux matériels additionnels apparaissent : les modems télétel, ou encore les cartes-modems qui sont des composants qu'on intègre directement dans les ordinateurs. Le modem (modulateur-démodualteur) est l'appareil qui permet de transformer (techniquement, on dit "émuler" un ordinateur en terminal de télécommunication. C'est ainsi qu'après avoir pu interroger les bases de données sur un ordinateur au format brut (protocle Telnet), on peut alors transformer son PC en Minitel et accéder à tous les paliers de Télétel, récupérer les données, etc.

Les lents balbutiements d'un progrès très rapide

On le voit, la télématique, aujourd'hui confondue avec Internet et le Web, a cheminé peu à peu, mais avec une grande rapidité si l'on prend du recul. Les plus âgés d'entre les professionnels encore en exercice ont connu dans leur vie le bon vieux téléphone en bakélite, avec l'opératrice manuelle à qui on demandait la connexion à un numéro d'abonné, à l'Internet sur son son téléphone portable, en l'espace d'à peine 50 ans. Vertigineux demi-siècle de progrès technique...

Pour sa part, Télétel aura vécu 30 ans, même si la moitié de son temps aura déjà été suplantée par Internet.

Voir la première partie de notre mini-feuilleton publiée hier.

Didier FROCHOT