Les 75 ans de l'École de bibliothécaires documentalistes

Le jeudi 2 décembre dernier, l'EBD fêtait ses 75 ans d'existence, autour d'une demie-journée d'étude suivie d'un cocktail d'anniversaire.

La doyenne des écoles

En effet, ainsi que le rappelait l'actuelle directrice, Claudine Masse, en accueillant les invités, le premier cours a été donné le 12 novembre 1935. Dominique Vignaud, la précédente directrice, expliquera dans son propos liminaire à la table ronde qui clôturait la demi-journée, que les origines de l'école remontent en fait à 1924. Le lecteur intéressé par l'histoire de l'école pourra se référer à l'article publié par Archimag n°239 de novembre dernier, ou à la courte synthèse sur le site de l'école.

Des interventions de qualité

Cette après-midi studieuse permettait d'entendre des communications diverses, rendant compte de la double vocation de l'école : former des professionnels des bibliothèques et de la documentation.

Pierre Cahné, recteur de l'Institut Catholique de Paris, hôte de l'école depuis l'origine, ouvrait la séance en rappelant notamment l'intérêt pour le monde économique d'avoir des professionnels au profil littéraire. Dans une fort belle métaphore, ce professeur de lettres nous rappelait qu'il était "une dentelière", travaillant sur les grands textes classiques. Et de rappeler que "la dentelle n'est pas forcément ornementale" et qu'à l'origine, les cols de dentelles se sont développés parce que plus solides que les cols de simple toile, autre manière de saluer les têtes bien faites, parce que construites sur de la culture, par rapport aux têtes bien pleines, emplies de connaissances techniques, sans recul ni perspectives sur le monde.

Caroline Wiegandt, ancienne présidente de l'ADBS, professionnelle bien connue du monde des bibliothèques et de la documentation, actuellement responsable de la documentation de Radio France, intervenait sur le thème : "Gestionnaire de l’information et des documents : des métiers ou des fonctions ?"

Elle y rappelait les désormais classiques exigences et missions des professionnels de la gestion de l'information dans l'entreprise, soulignant en synthèse que la fonction gestion de l'information est partout dans l'entreprise.

Fraçois Nawrocki, du Centre national du livre, nous ramenait plus vers le pôle bibliothèque de l'école.

Son intervention "Du livre objet au livre virtuel : mutations du livre à l’âge du numérique ?" fut captivante de par le regard porté sur la technique (notamment l'irruption des tablettes graphiques et autres e-books) et l'évolution des modèles économiques par ce littéraire affirmé. Après avoir observé la "mue numérique du livre", soulignant les souplesse tant d'écriture que de consultation du livre devenant numérique, mais aussi l'éclatement de l'objet "livre" — même virtuel — face à l'éclatement, à la multiplication et à la volatilité des versions possibles, il se penchait sur les mutations des modèles économiques du circuit du livre, depuis l'auteur, en passant par les divers médiateurs classiques que sont l'éditeur, le distributeur et le libraire, pour arriver sous les yeux du lecteur. Le livre numérique permet aujourd'hui la désintermédiation — mot savant pour évoquer la suppression des intermédiaires, notamment par la commande directe d'une œuvre sur le net auprès de l'auteur — et il importe donc pour les intermédiaires, s'ils veulent survivre, de repenser leur rôle et leur utilité.

Nathalie Morand-Khalifa, responsable du management de l'information chez L'Oréal, évoquait la "Nécessité de la fonction information dans l’entreprise ?"

Face à la constante que représente la fonction information dans l'entreprise, elle remarquait que si les fonctions demeurent, les utlisateurs et la nature des besoins ont changé, de même que les outils. Elle notait une avancée certaine de la reconnaissance sociale de la fonction information dans l'entreprise, dont la reconnaissance par les comptables que l'information doit être portée à l'actif du bilan de l'entreprise est un des marqueurs les plus significatifs : la fonction information, avec son cortège de centres de documentation, de documents parfois coûteux et de documentalistes, tend de plus en plus à ne plus être considéré comme un centre de coûts, mais comme un centre de profits pour l'entreprise, profits immatériels, certes, plus difficile à chiffrer que les ventes de l'entreprise, mais profits tout de même.

Autre observation de terrain : la notion de plus en plus présente de gouvernance de l'entreprise passe inévitablement aujourd'hui par celle de gouvernance de l'information.

L'intervention se concluait par l'affirmation que "nous [professionnels de l'information dûment formés aux méthodes et techniques de traitement de l'information] avons tous les compétences pour relever le défi du management de l'information, externe et interne, de l'entreprise. Il nous reste à en convaincre nos dirigeants".

Luc Bellier, de la Bibliothèque nationale de France, intervenait sur les "Collections numériques : accès, description et granularité" : Comment constituer une collection numérique ? Comment articuler et informer les métadonnées permettant de gérer ces collections ? Comment rendre accessibles ces collections au public ? Telles étaient les questions dont il traitait.

La grande famille des anciens

La table ronde animée par Dominique Vignaud permettait à une brochette d'anciens élèves de diverses époques de l'école de témoigner de ce que leur ont apporté l'EBD et de ce que leur apportent encore les stagiaires de l'école et les raisons qu'ils ont de les recruter. Il ressortait notamment de ces témoignages que de tout temps, l'école a été pour ses élèves un creuset permettant d'y trouver sa voie professionnelle, notamment entre les deux filières toujours encseignées de concert — bibliothèque ou documentation —, et de s'y réaliser à la fois humainement et professionnellement.

Une fête pour le secteur de l'information-documentation

Un grand nombre de personnalités du microcosme des écoles de bibliothéciares et de documentalistes et du secteur de l'information-documentation étaient présents lors de cet évènement, soit pour l'après-midi, soit pour le cocktail de clôture. Toutes les directrices ou anciennes directrices des cours du jour et des cours du soir de l'école étaient présentes. On pouvait aussi y rencontrer les directrices ou anciennes directrices des plus importantes écoles, ainsi que des personnalités marquantes du secteur.

Le site de l'EBD : www.ebd.fr

Voir la présentation synthétique de l'histoire de l'école sur le site ;
www.ebd.fr/ewb_pages/e/ecole_bibliothecaires_documentalistes.php













 

Didier FROCHOT