Les amis de vos amis sont nos amis

Deux études récemment publiées (novembre 2011) par Facebook rafraichissent la théorie controversée des six degrés de séparation établie par Stanley Milgram selon laquelle en 1967, deux américains quelconques auraient été en moyenne liés socialement par 5 intermédiaires — soit 6 connexions en tout. Sur Facebook, en 2011, seulement 4 connexions sont nécessaires — 4,74 exactement — pour relier deux individus, quel que soit leur pays.

Les études, réalisées en mai 2011 en collaboration avec des chercheurs de l'université de Milan, ont considéré comme échantillon les 721 millions d'utilisateurs actifs de Facebook et leurs 69 milliards d'inter-liaisons.

4,74 est ainsi le nouvel indice de référence pour estimer la distance sociale entre deux personnes interconnectées via  Facebook. Cet indice n'est qu'une moyenne, mais il varie relativement peu. Facebook estime en effet que 92% des relations possibles sont couvertes si l'on considère une distance de 5 connexions et 99,6% d'entre elles pour 6 connexions ; lorsque deux personnes résident sur un même territoire, seulement 3 connexions suffisent.

Une telle promiscuité peut porter à penser que l'Internet des années 2010 a favorisé la multiplication et à la diversification des rapports sociaux. Si le premier point, la multiplication, nous semble incontestable — le nombre moyen de contacts est estimé à 190 — on constate que les utilisateurs de Facebook sont malgré tout principalement liés avec des personnes du même âge, et du même pays — 84 % des relations étudiées. Quelques rares amis lointains, plus jeunes ou plus âgés suffisent donc à rétrécir le monde.

Soulignons pour conclure qu'il s'agit certes des études les plus larges jamais réalisées sur le domaine des réseaux sociaux mais que leur portée reste avant tout limitée au monde numérique et à ses contraintes. Une simple coupure d'électricité et tous ces beaux calculs seraient à revoir.

Pour aller plus loin

Présentation synthétique de l'étude sur Facebook
www.facebook.com/note.php?note_id=10150388519243859

Les deux études sont à la disposition des internautes sur le site de l'université Cornell ; on peut y trouver les détails sur les calculs et les méthodes utilisées
http://arxiv.org/abs/1111.4503http://arxiv.org/abs/1111.4570

Pierre-Éric DEVIE