Anti-PowerPoint : Connaissez-vous l'APPP ?

 C'est le nouveau mouvement que vient de lancer un certain Matthias Pöhm, un ingénieur logiciel suisse reconverti en coach pour prise de parole en public : le Parti anti-PowerPoint (Anti-PowerPoint Partei en allemand, d'où APPP).
C'est ce que les médias ont récemment révélé, notamment France-Info, mais nous citons ci-dessous Rue89.

Ce qui constitue en fait un coup de gueule contre la manie des présentations assistées par ordinateurs (PréAO) dont l'archétype est le logiciel PowerPoint, de la suite bureautique Office de Microsoft, mais non le seul, nous semble une fois de plus relever de l'erreur consistant à jeter le bébé avec l'eau du bain (pour une fois, on nous concédera ce poncif journalistique, qui du reste nous semble en situation ici !)

La langue d'Ésope

Il nous semble en effet difficile de rejeter violemment un logiciel sous le prétexte que beaucoup l'utilisent mal. Un outil technique est comme la langue d'Ésope : la meilleure et la pire de choses. L'outil technique, comme l'enfer, est pavé de bonnes intentions. C'est ce qu'on en fait qui peut poser problème. Et comme il y a toutes sortes de manières de se servir d'un logiciel de PréAO, il y a autant de manières d'en juger l'efficacité ou au contraire l'inanité.
L'article "Pour ou contre..." de Rue89, cité ci-dessous, est illustré  par une image d'une présentation qui ne relève en rien de la problématique de l'outil PréAO, mais de la présentation complexe d'une cartographie de la pensée (mind mapping en anglais) pour le moins absconse parce que voulant trop démontrer.

Et l'animation des transparents ?

Au reste, signalons que si cette carte paraît complexe au final, bien séquencée et se construisant étape par étape sous la yeux des assistants, avec l'accompagnement oral et/ou écrit qui convient, cette carte peut devenir intelligible...

Avouons avoir ainsi concocté des schémas d'une grande complexité pour expliquer les imbrications de divers aspects juridiques d'une situation à étudier chez un client.

Mais précisément le but était :

  • de montrer la complexité quasiment inextriquable de l'implication de diverses couches de droit ;
  • d'expliquer pas à pas, morceau par morceau, les diverses incidences juridiques, pour finir par un tableau récapitulatif que tout le monde comprend.

Devons-nous alors penser, comme le lance le Général McCrystal dans l'article cité, que nous avons "gagné la guerre" ? En tout cas, nous avons expliqué une situation grâce à des schémas animés, et comme chacun sait, un bon dessin remplace mille mots.

De l'art et de la manière d'utiliser un outil...

Bref, c'est tout simplement une question de compétence plus ou moins grande des utilisateurs, de leur aptitude à mettre en œuvre un outil de PréAO, rien de plus...

Cependant, il est vrai que nous avons du mal à comprendre pourquoi nombre de commerciaux montent leurs propositions commerciales sous forme de PréAO alors que la réalisation d'un bon document bureautique (traitement de texte et tableur, voire PAO) aurait bien plus d'impact.

Un autre travers est de jeter quelques idées et longues phrases sur des transparents et, pour tout support à l'issue de la formation, d'en fournir un tirage papier. Les habitués de nos formations savent que ce n'est jamais notre cas : nous fournissons de vrais supports avec des textes intelligibles et complets.

Encore la croyance aveugle en des solutions techniques miracle...

Une fois de plus, les professionnels sont victimes de cette "croyance aveugle en des solutions techniques miracle" selon la belle expression de Jean Michel, le brillant ancien président de l'ADBS. Ce n'est pas l'outil technique qui est en cause, mais ce qu'on en fait intellectuellement.

Producteurs de logiciels de PréAO, dormez tranquille, ce type d'outil a encore de l'avenir...

Lire les deux articles sur le site Rue89 :

www.rue89.com/2011/07/05/le-premier-parti-mondial-anti-powerpoint-est-ne-212331

www.rue89.com/pour-contre/2011/07/11/pour-ou-contre-les-presentations-powerpoint-213251

Didier FROCHOT