Révolution dans les noms de domaine supérieurs de l'Internet

La 32ème réunion internationale de l'ICANN (Internet corporation for assigned names and numbers) l'organisme privé mondial qui supervise la gestion des noms de domaines supérieurs de l'Internet (.com, .net, .org...) s'est tenue à Paris du 22 au 26 juin.
À cette occasion, le Conseil d'administration de la société a voté à l'unanimité l'ouverture la plus large  pour la création de nouveaux noms de domaine supérieurs (Top level domains — TLD). D'ici peu toute personne pourra déposer un nom de domaine supérieur tel que .dupont, .cuisine... L'ICANN a également décidé l'ouverture des noms de domaine aux alphabets non occidentaux.

Communiqué officiel de l'ICANN :  www.icann.org/en/announcements/announcement-4-26jun08-en.htm

Cette dernière décision risque de se heurter, comme celle qui avait autorisé les signes diacritiques de chaque langue, à l'universalité des claviers. Gérer des noms de domaine et des adresses de pages web avec des accents ou caractères spécifiques français, tchèques ou scandinaves est techniquement possible possible aujourd'hui mais presque personne ne l'a fait car cela reviendrait à limiter l'accès à ces sites aux seuls détenteurs de claviers disposant de ces accents et signes spécifiques. Le même frein risque de se poser pour des noms de domaines, et par conséquent pour des adresses en chinois, en coréen, en hébreu, etc.

Mais c'est bien sûr la décision d'ouverture des noms de domaine supérieurs à tous les internautes qui constitue une vraie révolution.
Jusqu'à présent, une hiérarchie précise gouvernait l'attribution des noms de domaines de l'Internet.
Au somment se trouve (toujours) l'ICANN qui supervise et gère les accréditations des registres et des bureaux d'enregistrement.
Chaque nom de domaine supérieur est géré par un registre (registry en anglais) accrédité par l'ICANN. Par exemple le .com a pour actuel registre Verysign qui administre également le .net et le .org.
Ensuite les bureaux d'enregistrement (registrars en anglais) sont les commerçants qui font profession de réserver les noms de domaine des acteurs de l'Internet sous l'un des domaine supérieurs (exemple les-infostateges enregistré en .com ou en .org).
Lorsque le processus lancé à Paris aura débouché sur une réglementation répondant à toutes les questions que posent pour le moment un telle décision, toute entreprise ou tout particulier pourrait déposer sa marque ou son patronyme ou un nom de fantaisie directement en tant que domaine supérieur et non plus sous un domaine générique comme c'est le cas aujourd'hui.
C'est une révolution radicale. Radicale, car elle résout de la manière la plus simple le problème de l'engorgement des noms de domaine supérieurs (une seule entreprise Toto peut déposer toto.com, occupant le terrain au détriment de toutes les autres entreprises Toto du monde), à peine résolu par l'ouverture des TLD alternatifs tels que .biz .info et autres.
Quelques TLD "sponsorisés" ont vu le jour, mais la procédure est encore très lourde et très coûteuse, puisqu'il faut actuellement être accrédité et prendre l'engagement d'administrer ce nom de domaine. Ainsi sont nés le .aero (pour l'industrie aéronautique) le .coop (pour les coopérateurs) et autres .job ou .travel pour les agences d'emploi ou les tour opérateurs.
On n'attend pas l'ouverture effective du nouveau système avant 2009, mais celui-ci va complètement changer les perpectives pour les stratégies de noms de domaine, et partant, pour les stratégies de communication ainsi que les politiques de patrimoine immatériel des entreprises.
Il est question d'enchères, comme pour certains noms de domaine descriptifs actuels (cinema.com ayant été la plus haute enchère dans le monde francophone, ces dernières années). Cela nous promet de belles empoignades et une belle course au dépôt de TDL descriptifs les plus juteux en vue de les revendre.

Affaire à suivre de près, donc.

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Didier FROCHOT