Du tout technologique à la gestion intelligente de l'information

Fort opportunément signalé par Danielle Dufour-Coppolani sur la liste ADBS-Info, Les Échos viennent de publier vendredi dernier un article essentiel sur le management de l'information qui ne peut que nous emplir de joie et d'espoir.
Dès son titre : Privilégier l'information sur la technologique, le ton est donné.
Non sans humour l'auteur imagine une société dans laquelle on ne serait obsédé que par la plomberie, sans jamais se poser la question de la qualité et des usages de l'eau qui transite par ladite plomberie. Puis il remplace "plomberie" par "informatique et réseaux" et l'image devient hélas assez réaliste... Il analyse ensuite en profondeur les carences en gestion de l'information et de la connaissance dans les entreprises et se prend à rêver que si les décideurs prenaient pleinement conscience de l'importance de la vraie gestion des informations et des connaissances utiles, dépouillée des usines à gaz technologiques, ils opteraient sans hésiter pour  cette gestion "intelligente".
Tout l'article — en filigrane — réhabilite l'intervention de l'intelligence humaine dans la gestion de la connaissance, ce que nous croyons fermement depuis longtemps.

Le paragraphe essentiel est, de notre point de vue, le suivant :
"La transformation des données en quelque chose de plus utile exige un niveau important d'intelligence et d'attention. Encore une fois, la plupart des entreprises ne considèrent le problème que sous l'angle technologique. Un système de « data warehouse » ou de « data mining » est certes nécessaire, mais pas suffisant pour assurer un haut niveau d'information et de connaissance."
Bien entendu l'auteur est anglo-saxon : Thomas H. Davenport, professeur à la School of Management de l'université de Boston, où il assure un enseignement sur les systèmes de gestion de l'information. Rares sont en effet les penseurs français de la gestion de l'information (ils sont déjà si peu à s'y être penchés) qui fassent preuve d'un tel pragmatisme.

Lorsque l'auteur dénonce "l'idée que la technologie résoudra tous les problèmes (« utopisme technologique »)" on croit relire Jean Michel, autre rare pionnier sur ce terrain, qui lui fustigeait voici quelques années "la croyance aveugle en des solutions techniques miracle".

Publié par Les Échos, cet article est emblématique d'une prise de conscience des limites du tout technologique, qui tendrait à s'étendre parmi les dirigeants d'entreprises. C'est d'ailleurs un frémissement que nous rencontrons dans notre clientèle depuis à peine un an, qui nous a poussés à  adopter, pour nos vœux 2008, une devise programmatique sur "l'année de la plus grande maîtrise des connaissances". Serions-nous enfin sur le chemin de la véritable infostratégie ?

L'article des Échos : www.lesechos.fr/formations/manag_info/articles/article_1_1.htm


Voir aussi dans notre Dossier spécial Web 2.0 : "Pourrais-je avoir un nuage de tags sur mon site Web 2.0" qui passe en revue tous les outils issus de l'intelligence humaine et qui sont venus au secours du Web, dans le cadre du Web 2.0. Comme quoi tout converge...

Didier FROCHOT