Pass Navigo : Payer pour ne pas être tracé

Les 20 % de francais vivant en région parisienne et les habitués de cette région connaissent bien le Pass Navigo, cette carte magnétique qui permet de circuler librement sans même glisser un ticket dans les portillons du métro. L'innovation est de taille puisqu'on économise ainsi de nombreux titres de transport et cela fluidifie le passage à ces portillons. Notons que de nombreuses villes de France se sont dotées du même système pour leurs transports en commun.
Les gestionnaires en ont profité pour améliorer la traçabilité des usagers sur le réseau. Notamment, là où il suffisait de présenter sa Carte Orange au conducteur dans le bus, il faut maintenant pointer avec sa carte en l'approchant du lecteur magnétique. Il est dès lors très facile de suivre à la trace tout usager RATP-SNCF d'Île de France.
La nouvelle a fait couler un peu d'encre médiatique pendant le mois d'août : la RATP annonce que si les usagers veulent voir la confidentialité de leurs déplacements garantie, il leur suffira de payer 5 euros de plus !
Ainsi la RATP fait commerce de la protection de la vie privée... Seuls les médias un peu alternatifs s'en sont insurgés, la plupart ayant présenté la nouvelle comme la RATP l'a fait : une victoire pour la vie privée. Ce qui est choquant, c'est qu'on doive payer pour la voir respectée.

Parallèlement l'opération Vélib à Paris (location de vélos dans Paris intra-muros), lancée en juillet, a été présentée comme respectant parfaitement et d'emblée la vie privée des loueurs. Pourquoi donc ne pas faire de même pour la RATP ?

Alex Türk, Président de la CNIL (Commision nationale de l'informatique et des libertés) pourrait ne pas être le seul à s'alarmer de la société de surveillance dans laquelle nous glissons de plus en plus (voir notre actualité du 30 août).

Didier FROCHOT